Nous nous éloignons
de l’avenue principale de la ville balnéaire et descendons perpendiculairement
sur 200 mètres dans une rue à moitié éclairée. J’entends à peine le bruit de la
circulation. Les récits de mes amis sur leurs rencontres avec des filles avides
de passion me font rêver d’une soirée riche en émotions. Je me laisse porter dans
une autre atmosphère, celle de la nuit rythmée par nos corps adolescents et des
étoiles filantes à partager entre les amis.
Il est 22 heures
et nous faisons l’immersion dans le monde fascinant des murs vibrants. Tom, le
plus expérimenté, dit que c’est l’heure parfaite pour explorer le territoire et
ne pas mettre longtemps à trouver un appréciable trophée. À cette époque de la
vie, je rêvais de rencontrer une fille sublime, attractive et sensuelle, mais
mes connaissances sur ce domaine étaient rudimentaires, voire nulles.
L’espace est
minimal. Je suis impacté par les basses qu’invitent les timides comme moi à suivre
le rythme. La boule suspendue au plafond, au milieu de la salle, tourne en
projetant des étincelles qui scintillent sur nos visages. La lumière dansante provoque
en moi des émotions fortes, d’abord une perte d’inhibition et surtout une grand
désir de vivre une nuit de fantaisie.
Dans la salle, j’entends la chanson Macho Man de Village People. Sa mélodie motive Joel et Manu qui font leurs premiers pas. Ils lèvent les bras et chantent en choeur.
Tous les visages
me semblent similaires, mais une silhouette attire mon attention. Elle est
souriante et mes yeux s’arrêtent un instant sur elle quand soudain j’entends Greased lightning. C’est un appel, le
cor de chasse qui annonce l’entrée en action et m’encourage pour charger.
Elle accepte de
danser avec moi. Mes pieds suivent un rythme effréné et doucement j’ose bouger
mes bras, que pour l’instant je ne savais pas comment les utiliser. De temps en
temps, nos regards se croisent et je me permets de sourire, ce à quoi elle
répond gracieusement.
Elle est
habillée avec un pantalon blanc ajusté et une chemise céleste d’un seul ton qui
éclaire son visage brun. Je perçois que
ses yeux ronds et marrons, pétillants et transparents, m’invitent à lâcher
prise, à laisser de côté mes rêveries et à être moi-même. Elle se contorsionne
habilement et parfois tourne sur elle-même, avec naturalité. Sa spontanéité me
bouleverse, moi qui pensais à faire le héros que sait jouer devant les filles.
Je suis devant une beauté inattendue.
J’ose lui donner
la main pour improviser une chorégraphie. Je suis hors de moi, je vais l’impressionner
et je mets tous les moyens pour réussir. Mais, après un tour, je ne sais pas
comment continuer et je répète deux ou trois fois le même mouvement. Elle prend
maintenant l’initiative de faire trois pas à gauche, de taper dans les mains,
de revenir au centre et de repartir vers la droite. Je l’accompagne avec
complicité.
Le DJ prépare
une nouvelle chanson, la piste de danse commence à se remplir et l’ambiance est
devenue très festive. J’en profite pour lui demander son prénom. Elle ajuste
ses cheveux frisés avec ses mains et je me rapproche d’elle pour bien entendre.
Très proche d’elle, je sens que son parfum exhale une fragrance florale et
légère. Cet arôme agréable s’harmonise parfaitement avec son style de jeune
fille mûre et émancipée.
J’entends
« Yolanda », un prénom peu commun, et son sourire me transporte au
cinquième ciel. Je reste muet, l’air stupid, hypnotisé sous ses yeux. Elle me
fait signe de continuer à danser. On entend You're
The One That I Want et sur la piste, tout le monde bouge enchanté.
Je commence à
suer et je l’invite à boire une boisson fraîche, ce qu’elle accepte volontiers.
Elle me parle de sa musique préférée et qu’elle adore danser. Elle est dans un
lycée privé, très connu, du centre-ville où elle y va avec son petit frère. Son
père est agent de commerce et sa maman est femme au foyer, cependant elle fait
beaucoup d’autres choses comme aider les enfants défavorisés qui ont des
difficultés scolaires. Elle s’entend très bien avec sa maman. Elle voudrait
étudier médecine pour devenir pédiatre et travailler pour l’épanouissement des
enfants décrocheurs. Pour l’instant elle participe dans une association
artistique et anime un atelier de théâtre dans un quartier défavorisé.
Écrasé par sa personnalité, j’essaye d’être à sa hauteur. Je lui réponds que je suis sportif, je joue le football et j’adore ça. Je connais tous les prénoms des joueurs de foot de chaque équipe. À l’école, mes résultats sont moyens, mais corrects et je m’amuse bien avec mes amis. En dehors du foot, rien ne m’intéresse vraiment.
Je crois que ma
présentation l’a impressionnée parce qu’elle me demande si nous pouvons
continuer notre conversation un autre jour.
Je ne me suis
jamais senti un beau garçon, malgré mon
corps athlétique, mes yeux verts, mes cheveux châtain clair et une tête de
James Dean. Par contre, j’adore les belles filles, mais je ne sais comment
établir une conversation avec elles. Avec Yolanda, c’était facile. Malgré sa
taille, son nez crochu, sa verrue sur le visage, sa tête ronde et ses grandes oreilles,
elle rayonne autour d’elle et je me sens déstabilisé. Honnêtement, elle ne
représente pas la beauté que je souhaitais pour moi, mais elle a tout pour que
je m’abandonne à ses pieds.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Je vous remercie pour votre commentaire que je lirai attentivement