Enseigner une langue nous demande de la rigueur parce que chaque mot est un univers de culture et d’histoire. Ayant des racines communes avec le latin les liens sont faciles à faire entre l’espagnol et le français, mais il faut toujours prendre de précautions pour éviter les pièges qui peuvent nous présenter les mots dits « transparents ».
Dans une classe de seconde nous avions lu un texte sur les
valeurs dans le sport et les élèves devaient répondre aux questions de compréhension
écrite. L’histoire était simple, il s’agissait d’une équipe de natation qui commençait à présenter des problèmes d’assiduité
et un manque d’effort se percevait lors des entraînements. L’entraîneur avait
pris le temps de parler avec les jeunes pour leur rappeler leur engagement
envers l’équipe et la préparation pour la prochaine compétition.
Étant proches des examens les jeunes avaient leurs têtes
ailleurs et étaient moins disposés à venir à entraîner et de se donner à fond.
Mais, l’entraîneur voulait les encourager pour qu’ils ne baissent pas les bras.
Normalement, les élèves ne sont pas pressés de donner
leurs réponses pour éviter de se faire corriger, par timidité ou les deux.
Donc, je dois nommer les élèves pour qu’ils participent. Je suis arrivé à la
question numéro 3 : Dis les arguments de l’entraîneur pour essayer de
convaincre les jeunes de continuer les efforts de la pratique sportive. J’ai demandé
à Louis de nous partager sa réponse. Un petit moment de silence s’impose pour que
les élèves comprennent la question. Si le silence dure un peu plus je reformule
la question d’une autre manière. J’ai dit en espagnol l’équivalent de « faire
la morale » ce qui lui a permis de commencer sa phrase en disant « el
entrenador hace la moral a los jóvenes » (l’entraîneur fait la morale aux
jeunes). La phrase n’avait rien d’étrange à part d’un détail que toute la
classe avait capté. La prononciation de Louis était semblable à celle-ci « el
entrenador hacela-mor alos jóvenes ». La liaison des sons de la phrase :
« hace la moral », donnait lieu à l’expression « il fait l’amour
aux jeunes ». Évidemment, les éclatements de rires ont duré un bon moment
et Louis qui ne comprenait pas sa faute de prononciation, recevait de l’aide
pour qu’il réalise la situation.
Le rire spontané, à partir d’une situation inattendue,
nous permet à tous de vivre cette émotion avec naturalité. Rire est le meilleur
moyen pour sortir de la routine parce qu’il nous ouvre la possibilité à l’exploration
de la langue, à découvrir des similitudes et des curiosités. Cependant, ne nous
trompons pas, le rire dans la salle de classe, est une affaire sérieuse et rien
de facile à enseigner. C’est pour cette raison que je conserve cette anecdote précieusement.
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