Enseigner et vouloir raconter son expérience paraît une activité simple, mais j’avoue que la vie quotidienne et les urgences ne me permettent pas d’avoir cet immense plaisir. Je vois avec un peu de frustration comment les journées passent à une grande vitesse sans que je puisse laisser une petite trace.
J’attribue une importance sublime au fait de
pouvoir écrire, de décrire et de revenir sur l’expérience parce qu’elle est source
d’apprentissage et de réflexion. Cette expérience écrite, c’est ce qui reste
après une incessante activité de préparation de cours, l’animation des cours et
les exercices à corriger. Elle synthétise nos décisions et nos valeurs sur le
plan professionnel. Cela nous permet de construire un récit sur notre propre
activité, nos désirs, nos frustrations, nos talents et nos défauts.
Très souvent au moment d’une pause entre les profs, avec un café ou un thé
à la main, debout ou assis, en petit groupe ou dans un grand cercle, nous lâchons
sous forme d’anecdotes les histoires les plus délirantes. Ces expériences,
parfois mémorables et d’autres fois pénibles, vont être racontées partout.
Elles pourront servir d’exemples pour parler de nos compétences professionnelles,
pour accompagner un discours ou simplement pour partager la vie avec les
collègues.
A la différence de l’oralité, l’expérience écrite, est doublement racontée
parce qu’il faut d’abord la réfléchir avant de la transcrire sur un bout de
papier ou sur l’écran de l’ordinateur. La spontanéité de l’expression orale
laisse la place à une forme plus profonde de raconter les faits. Se rappeler
d’un événement est un appel de la conscience pour qu’un fait soit illuminé par
l’intelligence. Alors, la production écrite me permet, dans un premier temps et
avant de la partager, de dépouiller minutieusement l’essentiel de ce qui est accessoire.
C’est ici, que je me rend compte de l’utilité du texte, de sa capacité de
nourrir la réflexion ou d’approfondir l’expérience, dans ce cas, l’expérience pédagogique.
Une fois, écrite, l’expérience peut être partagée en espérant recevoir un
retour aussi riche que le texte. De cette manière, le texte devient une spirale
d’apprentissage, jamais une ligne droite qui, une fois arrivée à sa cible,
meurt sans retour possible.
En résumé, écrire sur l’expérience est un acte qui m’aide à développer la pensée, à analyser la réalité, à débattre et à partager mes idées. C’est pour cette raison que je pense que dans le métier de professeur nous devrions avoir un temps, unique et sacré, pour enregistrer nos apprentissages quotidiens. Je ne parle pas d’enregistrer nos cours dans des logiciels ou remplir des fiches. Je parle d’un espace privé où nous pouvons laisser nos traces de vie pour nous aider à rendre plus humain notre métier.
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