Rôle du professeur(e) principal(e)

Pendant mon dernier remplacement j’ai été nommé professeur principal d’une classe de quatrième. Après deux ans des remplacements comme professeur d’espagnol, c’était la première fois que j’assumais une tâche différente et qui allait me faire réfléchir profondément sur ma place dans le sein de l’établissement.

Je redécouvre combien le fait d’être prof principal permet de comprendre les enjeux de l’école et la mission des enseignants. C’est un poste clé pour faire le lien entre l’école et les familles, la transmission des savoirs et le bien-être des élèves.

Un poste qui permet de mieux connaître chaque élève

Il m’a paru très important de prendre contact dès mon installation avec chacun des élèves de la classe. Pour ce faire j’ai sélectionné un questionnaire structuré où l’élève devait cocher ses réponses. En lisant les réponses, j’ai vite priorisé les élèves qui avaient besoin d’une attention particulière. J’ai privilégié l’entretien pour établir un contact étroit et direct.

Dans les entretiens, les élèves présentaient leurs familles, les activités qu’ils aimaient réaliser et pouvaient aussi exprimer leurs sentiments à la rentrée scolaire. J’ai découvert que quelques-uns vivaient très mal ce moment. Ils exprimaient des sentiments d’abandon, de solitude, de tristesse, même d’injustice de la part de l’école qui les avait séparé de leurs amis. Cette information m’a donné des pistes pour mieux préparer la vie de classe et des conversations avec le personnel de la vie scolaire et les anciens profs principaux.

J’ai rythmé chaque semaine mes heures de cours, de préparation du matériel, de révision des évaluations avec des entretiens des élèves. J’ai profité des heures d’étude pour aller les chercher et seulement en cas d’urgence pendant des heures de cours.

Pour avancer plus vite dans la connaissance de la classe, j’ai pris l’initiative de faire des entretiens par binôme, en m’assurant qu’il y avait une bonne correspondance entre eux. Il est fort intéressant d’écouter chacun parler des capacités et des fragilités son camarade.

Regard de l’élève dans son intégralité

Pour chaque entretien j’ai fait un compte rendu que j’ai partagé avec la professeure titulaire. Même si j’avais un but pour chaque entrevue, parfois un imprévu ou l’attitude de l’élève captivait mon attention. Le ton de la voix, une posture trop rigide ou des larmes qui montaient, étaient des signes visibles qui m’ont permis d’aborder avec transparence leurs angoisses.

Donner la possibilité aux élèves de se sentir une personne au-delà du statut « d’élève » est devenu essentiel. J’ai admiré leur franchise pour parler de tous les sujets en respectant leurs intimités.

La collecte des données

Il est très important quand on assume le rôle de prof principal d’observer en direct la réaction des élèves dans la classe. La vie de classe ainsi que les cours m’ont permis de recueillir beaucoup d’informations sur les liens entre eux et leurs postures face à l’exigence académique. D’autres informations nous pouvons l’acquérir grâce à d’autres moyens. C’est le cas du sociogramme de la classe. C’est un matériel très important que j’ai réalisé au bout de la troisième semaine de classe. Le schéma et l’analyse m’ont permis de connaître des caractéristiques de chacun et de faire une redistribution du plan de classe.

L’entretien avec les parents

J’ai considéré qu’il était nécessaire de partager avec les parents des élèves une vision positive de chacun des enfants. Pour établir une relation de confiance avec eux, j’ai essayé de partager mon expérience avec chaque élève, en exprimant les compétences et les défis à mener avec chacun. Reconnaître leur capacité et leurs vertus rassure les parents dans le fait que nous nous intéressons réellement à chacun. De même, à la réunion des parents, il a été important de leur donner la parole, de demander leur avis, selon eux, sur les recommandations du travail à la maison.

Enfin, partager avec l’ensemble des collègues a été aussi primordial pour avancer dans la connaissance du groupe classe et de chaque élève. J’ai choisi consciemment de laisser une trace écrite de l’histoire biographique de l’élève comme une responsabilité professionnelle. C’était un bon investissement en vue d’un meilleur accompagnement des élèves.